Un festival d’histoire gratuit et ouvert à tous sur le thème des révolutions de 1848

En bref

Pour son premier projet d’envergure, la Boîte à Histoire a décidé de créer un festival d’histoire, Secousse qui proposerait de nombreux types d’activités variées et originales, toutes axées sur la médiation du savoir historique.

  • Quand ? les 21, 22, 23 septembre 2018
  • Où ? à La Colonie et à la Médiathèque Françoise Sagan
  • Quoi ? 14 activités pédagogiques, participatives et ludiques qui abordent de façon originale différents aspects de 1848
  • Qui ? 37 intervenants dont 12 historiens et historiennes, des comédiens et comédiennes, un journaliste, des artistes etc.
  • Pour qui ? 700 festivaliers en 3 jours dont beaucoup d’étudiants et de personnes âgées
  • Comment ? Le festival Secousse a été entièrement organisé par La Boîte à Histoire, association (loi 1901) dont les membres sont bénévoles. Il a été financé grâce au soutien de plusieurs universités et laboratoires de recherche et des fonds récoltés lors d’une campagne de financement participatif. Il a reçu du soutien matériel d’institutions publiques telles que la Mairie du 10e arrondissement.


Pourquoi 1848 ?

Le choix de mettre à l’honneur les révolutions de l’année 1848 répond dans la volonté de parler d’un épisode historique relativement mal connu alors que les sociétés de l’époque furent pourtant traversées par des questionnement qui nous interrogent encore aujourd’hui : le droit au travail, l’indépendance des peuples, les utopies, la place des femmes, l’esclavage, la question sociale, la colonisation... L’idée fut donc de faire vivre cette histoire aux festivaliers à travers des expériences participatives qui leur permettraient de comprendre les enjeux de 1848. Néanmoins, la visée pédagogique ne se limite pas à un enseignement sur 1848 et nous avons cherché à susciter une réflexion sur la manière dont l’histoire peut éclairer nos sociétés contemporaines. Nous avons visé un public large composé d’historiens, d’amateurs, de curieux et d’étudiants de toutes les disciplines, et nous désirions, par le thème comme par la forme, leur offrir un enrichissement intellectuel et une ouverture culturelle et artistique.


Le programme

Au cours des trois jours du festival, un total de quatorze activités furent proposées. Chacune d’entre elles abordait une thématique spécifique de 1848 et avait un format et une visée pédagogique bien définis. Élaborées pour la plupart en collaboration avec les intervenants externes à l’association, elles sont le reflet de la diversité des acteurs impliqués, et marquent une volonté de proposer un programme original, varié et ludique.

  • Activité n°1 : 1848 pourquoi la révolution ? – Table ronde

Animée par Emmanuel Laurentin, cette discussion introductive a demandé à quatre historiens spécialistes de la période d’incarner différents points de vue historiographiques. La conversation, qui s’appuyait sur des documents et des images d’archives, a été l’occasion de présenter d’une façon critique l’histoire de 1848 ainsi que le travail des chercheurs. De plus, pour dépasser le format classique de la table ronde universitaire, le public fut invité à orienter activement le débat. Des questions de l’audience, récoltées au préalable sur les réseaux sociaux mais aussi sur le moment grâce à une “boîte à questions” ont été intégrées au débat par le modérateur au fur et à mesure.

Modérateur : Emmanuel LAURENTIN (La Fabrique de l’Histoire, France Culture) avec Delphine DIAZ (Université de Reims Champagne-Ardennes), Emmanuel FUREIX (Université Paris-Est Créteil) , Samuel HAYAT (Université Lille II) et Romy SANCHEZ (Université de Caen-Normandie).

  • Activité n°2 : Le printemps de la presse – Présentation par l’équipe de RetroNews

En présence de l’équipe de RetroNews, le site média dédié aux archives de presse issues des collections de la Bibliothèque Nationale de France, cet atelier avait pour but présenter le rôle de la presse dans les événements de 1848. Par ailleurs, des reproductions des “unes” de 1848 étaient en libre consultation durant les deux jours du festival à La Colonie.

avec Julie DURUFLE, Etienne MANCHETTE et Anne-Stéphane OGERAU

  • Activité n°3 : L’Éducation sentimentale, histoire et théâtre de la révolution – Discussion théâtrale

La compagnie de théâtre Adesso e Sempre a proposé aux festivaliers d’échanger autour de leur adaptation de L’Éducation sentimentale. En se penchant sur le processus créatif et d’adaptation d’un roman en pièce de théâtre, Julien Bouffier, metteur en scène a questionné les rapports entre fiction et histoire dans le contexte de 1848. Le public, sollicité notamment pour la lecture d’extraits, a été invité à prendre part à une réflexion sur l’imaginaire collectif et les inventions littéraires dans l’œuvre de Flaubert.

avec Julien Bouffier (Adesso e Sempre)

  • Activité n°4 : Parole aux femmes ! – Débat twitter

L’utilisation d’un format anachronique tel que le tweet a permis aux historiennes Mathilde Larrere et Laurence de Cock de donner la parole à une sélection de personnages historiques féminins, afin de replacer dans un contexte contemporain les discussions de l’époque autour de la place des femmes. Après avoir créé les comptes Twitter de sept personnages historiques : George Sand, Jeanne Deroin, Eugénie Niboyet, Daumier Honoré, Joseph Proudhon et le journal La Voix des femmes, la Boîte à Histoire a aidé les deux historiennes à les faire dialoguer lors d’une “performance twitter” projetée en direct durant le festival.

avec Mathilde LARRÈRE (Université Paris-Est Marne-La-Vallée) et Laurence DE COCK (chercheuse en Histoire de l’éducation).

  • Activité n°5 : Le destin d’un exilé politique – Escape game

Le but ici était de plonger les joueurs dans la peau d’enquêteurs chargés de résoudre une enquête sur la disparition d’un exilé politique. Pour cela ils devaient s’informer sur la vie et les fréquentations de cet individu. Les joueurs ont ainsi découvert comment vivaient les exilés politiques du XIXe siècle, au travers des différents éléments trouvés (passeports, journaux, lieux de sociabilité des exilés, lettres, etc…).

Cette activités conçue et animée par des membres de la Boîte à Histoire était proposée le vendredi et le samedi à La Colonie à des groupes de maximum quatre participants.

  • Activité n°6 : Aux barricades ! – Jeu de rôle

Dans le cadre de cet atelier, les joueurs incarnaient des insurgés ayant pris part aux combats de la barricade de la porte Saint-Denis, lors des journées de juin 1848. S’appuyant sur une reconstitution historique minutieuse des événements, ce jeu de rôle stratégique invitait les participants à réfléchir aux enjeux, dilemmes et rapports de force auxquels les révolutionnaires de l’époque avaient pu faire face.

Cette activités conçue et animée par des membres de la Boîte à Histoire était proposée le vendredi et le samedi à La Colonie à des groupes de maximum sept participants.

  • Activité n°7 : Défendez votre modèle de coopération ! – Débat mouvant

Tous membres d’une association de travail nouvellement créée, au lendemain de la révolution de février 1848, les festivaliers avaient ici l’occasion de débattre et d’en voter les règles d’organisation. Quel rôle devrait jouer l’État ? Doit-on accepter des fonds privés ? Votant “avec leur pied” en se déplaçant dans le camp de l’argument qu’ils souhaitaient défendre, les participants ont été amenés à réfléchir à l’organisation sociale du travail, sujet au coeur des revendications de l’époque. Les propos furent illustrés par une sketchonneuse à l’aide une fresque de mots créée pendant le débat.

avec Olivier CHAÏBI (professeur ESPE Créteil), Yolande COSTANTINI, Noémie DE GRENIER (membres de Coopaname) et Caroline TSIANG (Ginko Biloba Evolution).

  • Activité n°8 : Et si l’esclavage n’avait pas été aboli en 1848 ? – Atelier d’histoire partagée

En partant d’une histoire contrefactuelle, les historiens Quentin Deluermoz et Pierre Singaravelou ont proposé au public un débat ouvert autour d’une version alternative de l’histoire, l’uchronie. (Que ce serait-il passé « si.. » ?) La parole était largement donnée aux festivaliers et la discussion fut enrichie d’éléments historiques nécessaires pour penser avec cohérence cette contre-histoire, moyen d’attirer l’attention sur des connexions inattendues et de complexifier notre vision de l’histoire.

avec Quentin DELUERMOZ (Université Paris XIII) et Pierre SINGARAVÉLOU (Université Paris I).

  • Activité n°9 : Un toast à la révolution – Banquet réformiste

En référence aux banquets réformistes qui ont lieu dans toutes la France en 1847-1848 et dont l’interdiction provoque des insurrections entraînant la chute de la Monarchie de Juillet, les festivaliers ont pu prendre part à un banquet, porter des toasts politiques et se retrouver au centre des débats d’opposition. Une sélection d’extraits de discours d’époque était mise à disposition des festivaliers, invités à se les approprier en intervenant librement durant l’atelier.

Cette activité a été conçue et animée par des membres de la Boîte à Histoire.

  • Activité n°10 : Témoignages révoltés – Lectures théâtrales

Ces lectures voulaient faire découvrir aux spectateurs des textes autour des révolutions de 1848. De nature et d’origine variées (sources littéraires, témoignages, archives judiciaires), ces écrits, mis en scène et interprétés par des comédiens, abordaient plusieurs thèmes clés telles que les révolutions en France, en « Allemagne », en Italie, la place des femmes, la colonisation, l’abolition de l’esclavage, la dimension mondiale, le droit au travail, le suffrage universel…

avec Antoine RAFFALLI (Cie Les Promesses de l’Aube), Rémy LAQUITTANT, Naïs EL FASSI, Benjamin MENEGHINI, Giorgio PUPELLA.

  • Activité n°11 : Accusé, levez-vous ! – Grand procès de Louis-Napoléon Bonaparte

En partenariat avec la Fédération Francophone de Débat, cet atelier avait pour but de réfléchir aux liens que l’histoire entretient avec le droit, la justice et la morale. Les témoignages et plaidoiries des acteurs de l’époque (Proudhon, Lamartine, Sand, Hugo…) tous incarnés avec talent par des étudiants en costume d’époque et le verdict final rendu par un jury d’historiens universitaires ont permis de mêler passions humaines, convictions et légalité, tout en confrontant parcours individuel et destinée collective.

avec la Fédération Francophone de Débat

  • Activité n°12 : Sur les traces des révoltés parisiens – Visite guidée

L’historien Louis Hincker proposait de marcher sur les lieux du 1848 parisien. L’esprit était celui d’une ballade instructive et un peu rêveuse : on regardait autrement le paysage parisien en prenant conscience de sa profondeur historique ; on parvenait ainsi à voir ce que l’on parvenait à imaginer, pas plus vite qu’à la vitesse du pas sur l’asphalte et au fil des haltes sur des lieux clés.

avec Louis HINCKER (Université de Clermont Ferrand).

  • Activité n°13 : Chanter la révolution – Atelier musical participatif

Introduits par un historien puis chantés par les festivaliers, sous la direction de Riccardo Spezia, chef de choeur de la Chorale populaire de Paris, les chants révolutionnaires de 1848 ont retrouvé durant cet atelier participatif leur vocation d’instrument d’expression populaire.

avec Riccardo SPEZIA (La Chorale Populaire de Paris) et Philippe DARRIULAT (Sciences Po Lille).

  • Activité n°14 : Que reste-t-il de 1848 ? Discussion conclusive

Cet atelier conclusif sur l’héritage de 1848 est venu interroger l’absence relative de cet épisode dans la mémoire populaire, tout en éclairant la manière dont il s’inscrit malgré tout dans notre paysage politique et culturel. Un extrait du film 120 battements par minute fut notamment projeté puisque ce film sur la lutte contre le sida en France dans les années 1980 comporte une référence explicite à la marche des cadavres décrite par Daniel Stern dans son récit de 1848.

avec Michèle RIOT-SARCEY (Université Paris VIII Saint Denis) et Sylvie APRILE (Université Lille 2)


Fiction web et contenu numérique

Le site internet du festival Secousse #1 constitue une véritable porte d’entrée dans le monde de 1848. Il contient notamment une carte interactive des révolutions de 1848 et une fiction.

Pour en savoir plus, consultez les articles


Le Journal de la révolution (PDF)

Le programme du festival a pris la forme d’un véritable journal qui fut offert aux festivaliers au moment de leur arrivée dans les lieux du festival. Véritable pastiche des publications de l’époque, ce Secousse#1 comporte notamment le manifeste de notre festival, plusieurs brèves sur l’actualité de l’époque et surtout une interview inédite de Victor Hugo. Les textes écrits par Daphné Budasz et Yasmine Achouche membres de La Boîte à Histoire ainsi que Sarah Budasz imitent le ton et la forme des publications de l’époque tout en faisant référence aux épisodes historiques de 1848.

http://www.boiteahistoire.com/2018/09/24/festival-secousse-1848-en-image/